Le continent africain évoque souvent la richesse culturelle, une histoire aux multiples facettes, l’exotisme, mais aussi une mode unique au monde, basée sur des textiles typiques. Cela fait plusieurs siècles que les africains arborent une élégance manifeste, avec des étoffes imprimées et des pagnes nuancés.
Si le wax est la matière la plus symbolique et la plus célèbre à travers le monde, il n’en demeure pas moins qu’il existe une large gamme d’autres tissus moins connus, mais tout aussi représentatifs de la mode africaine.
Chaque tissu africain possède son langage visuel, et raconte sa propre histoire, celle d’un pays, d’un peuple, d’une ethnie, d’une famille royale ou d’une région. Ils ont tous représenté à un moment ou à un autre l’apanage de ceux qui les ont portés, et ils ont été des signes d’appartenance à telle ou telle classe sociale.
De nos jours, les étoffes africaines ne sont plus utilisées exclusivement pour fabriquer des vêtements locaux, mais elles ont peu à peu collé aux codes de la mode actuelle. Que ce soit le Ndop, le Rabal, le Bogolan, le Rabal ou le Kente, toutes ces étoffes nobles alliant qualité et confort, ont plus que jamais le vent en poupe.
Le Wax, la star des tissus africains
Véritable symbole identitaire de la culture vestimentaire africaine, le Wax avait été initialement importé sur le continent par les colons hollandais, avant de se répandre et d’être adopté par le peuple local.
Grâce au succès phénoménal que connaît ce tissu, il est aujourd’hui produit en masse, occultant quelque peu la richesse des autres tissus traditionnels africains. La fabrication du Wax est basée sur une technique d’impression à la cire, et d’impression de motifs à l’aide de rouleaux de cuivre. Elle provient d’une combinaison de méthodes indonésiennes, hollandaises et africaines. Le tissu résultant possède une grande qualité, ainsi qu’une tenue exceptionnelle des couleurs.
Depuis des dizaines d’années, les femmes africaines ont usé d’imagination et de créativité pour fabriquer une large gamme de pagnes en Wax, selon l’événement, l’occasion ou la cérémonie où il était porté. Aujourd’hui le Wax est sur les plus grands podiums du monde entier, apportant à la mode contemporaine une touche on ne peut plus ethnique et originale.
Après avoir longtemps permis aux femmes d’exprimer leur émancipation à travers les motifs, ce tissu très coloré est devenu l’étoffe africaine la plus en vogue du moment.
La Bogolan, issu de la royauté malienne
Tirant son nom de la terre dont il est issu, le bogolan signifiant « fait avec de la boue », est une étoffe royale issue de la tradition malienne, qui est à la fois versatile et tendance. Il s’agit d’une fibre tissée à la main avec des fils de coton, et teintée avec de la boue fermentée.
Sa fabrication à base de terre a conféré au Bogolan un caractère sacré, considéré comme nourri d’une force vive. Ce tissu était utilisé pour les tuniques des hommes et les pagnes traditionnels.
Autrefois réservé aux vêtements des membres de la famille royale, le Bogolan a su s’adapter aux envies et aux besoins du monde moderne, sans rien perdre de son authenticité.
Ce tissu de décline en noir, jaune clair, beige et autres tons du marron. Il inspire aujourd’hui les designers de décoration intérieure, dans la fabrication de linge de maison, comme les rideaux, les fauteuils, les tabourets ou les coussins.
Il est également largement adopté par les créateurs de mode, dans la fabrication de sacs à main, de ceintures, de chaussures ou de vêtements tendance.
Le Kente, créé par la famille royale Ashanti du Ghana et l’ethnie Ewé du Togo
Le Kente est une étoffe tissée en forme de damier et aux couleurs chatoyantes, originaire du peuple Ashanti du Ghana et de l’ethnie Ewé du Togo.
Tissé à la main à l’aide de fils de soie ou de coton, ce tissu était à l’origine réservé aux personnalités importantes de la société et porté lors d’événements spéciaux. Peu à peu, sa méthode de tissage millénaire s’est diversifiée, pour arriver à produire des dessins de plus en plus complexes.
Les pagnes en Kente utilisent les couleurs pour leur signification, le bleu pour la paix et l’amour, le vert pour la croissance, le blanc pour la pureté, ou le jaune pour la santé et la beauté. Ils sont facilement reconnaissables grâce à leurs motifs géométriques carrés, triangulaires ou en forme de losange. Chacun de ses motifs représente un adage, et la combinaison de divers dessins permet d’obtenir un sens différent.
Aujourd’hui, le Kente, qui est certainement l’un des plus beaux tissus africains, est devenu un accessoire largement utilisé dans la mode occidentale.
Le Ndop fabriqué par le peuple Bamiléké du Cameroun
Le Ndop est un tissu de coton fabriqué par le peuple Bamiléké du Cameroun, à l’aide de fines bandes cousues bord à bord. La signification des pagnes en Ndop est liée à la variété des motifs, et non pas aux couleurs en elles-mêmes. Cette étoffe se caractérise par une écriture chargée de symboles sous forme de motifs géométriques bleus, qui se détachent sur un fond blanc, permettant de faire passer un message autour d’un thème de la vie courante.
Le processus complexe de fabrication du Ndop en fait un tissu noble, réservé à la souveraineté. Son usage est jusqu’à aujourd’hui le privilège d’une élite.
Le Korhogo, originaire de Côte d’Ivoire
Le Korhogo est une toile créée par la tribu des Sénoufos de Côte d’Ivoire. Il est composé de fines bandes de tissu cousues les unes à côté des autres, sur lesquelles sont peints des motifs à l’aide de bouts de bois et de pigments naturels.
Simples et distinguées, les toiles de Korhogo sont ornées de motifs qui représentent des personnages, des animaux, des chasseurs, le soleil, ou des éléments naturels. Elles représentent sans doute les tissus les mieux connus dans le monde de la décoration intérieure, souvent utilisés comme toiles murales.
Le Rabal issu de la culture Mandjack du Sénégal et de Guinée-Bissau
Le Rabal est une fibre noble aux couleurs vives, fabriquée à la main par les tisseurs Manjacks du Sénégal et de Guinée-Bissau. Ces artisans sont de véritables orfèvres qui se transmettent ce savoir-faire ancestral à travers les générations.
Ce tissu est constitué de motifs qui se déclinent en fonction des occasions, généralement inspirés des symboles de la fécondité, du baobab ou des jumeaux.
Dans la tradition africaine, le Rabal est porté dans le cadre de cérémonies importantes comme les mariages ou les fêtes de naissances. Ce tissu noble et robuste est souvent mélangé à de la viscose ou de la soie, afin d’être plus souple et plus malléable pour les besoins du prêt-à-porter.